Et pourtant, maman n'était pas un ange

« Que fait-elle là, au pied de mon lit, auréolée de mystère? Quarante ans que je la voie de temps à autre en photo, et pourtant, ce soir, elle est à côté de moi comme si c’était normal. Elle reste stoïque dans son indéfectible petite robe noire, avec son impeccable chignon de cheveux blancs. Je me dis qu’il faut briser la glace.
– Euh… Bonsoir !
Bon sang, dans le genre iceberg, elle aurait le beau rôle dans Titanic. Mais pas de Jack en vue, dommage. Il n’y a qu’elle et moi. J’essaie à nouveau d’établir le contact entre nous.
– … Eugénie ?
Alléluia ! Elle me sourit enfin. Ne nous emballons pas. Quand je parle de sourire, disons que ça s’apparente à la Joconde niveau chaleur humaine. En même temps, comment lui en vouloir ? Eugénie est du genre papier calque. Du moins, c’est comme cela que je la voie. Et pour cause, elle est morte en 1971. Autant le dire simplement : mon arrière-grand-mère est un fantôme.
– Ma chérie, si ta mère n’arrête pas de faire n’importe quoi avec la nourriture, elle va droit à la catastrophe. Elle me fait promettre de le dire à ma mère. Abasourdie, je promets. Ce message, transmis depuis l’au-delà, est une sérieuse mise en garde. Pourtant, je n’ai pas encore conscience que ce qui va se produire bouleversera ma vie. »

Avec beaucoup d’humour et d’authenticité, Barbara Lafée relate les premiers messages qui lui annoncent la mort de sa mère, la menant sur un chemin initiatique d’acceptation et de compréhension des signes de « survivance de l’âme » qui vont suivre.